Les auteurs, Nicolas Pinsault et Richard Monvoisin sont (très) favorablement connus du Formindep. Ils sont intervenus lors des Rencontres de 2012 dans un atelier d’initiation à l’esprit critique. Spécialistes de la zététique et de la pensée critique, ils enseignent à l’université de Grenoble, et sont membres de l’équipe du CorteX. Nicolas Pinsault est kinésithérapeute de formation. Cet ouvrage a pour but de faire le point sur les nombreuses thérapies manuelles pratiquées souvent dans la cadre de la kinésithérapie, et d’évaluer leur validité. L’accumulation de celles-là contribue à faire de la kinésithérapie au fil du temps un mille feuilles de pratiques de tout genres qui peut désorienter patients et professionnels, tant praticiens que prescripteurs, tels les généralistes. Après d’érudits prolégomènes pour bien savoir de quoi on parle la première partie de ce livre passe en revue chacune de ces différentes pratiques, décrypte et décortique leur sérieux et leur validité, principalement à partir de leur fondement historique. Les auteurs dressent un état des lieux consternant, par certains aspects parfois désopilant de nullité. Mais hélas il s’agit de soins dans lesquels des professionnels de santé s’investissent et auxquels des patients font confiance. Si le mot charlatanisme n’est pas clairement prononcé à propos de ces pratiques, l’analyse précise qu’en font les auteurs, à partir de leur recherche documentaire, ne laisse aucun doute. A l’issue de ce constat, on se surprend à s’interroger sur la pertinence de la kinésithérapie dans son ensemble. Sur quelles bases est elle pratiquée ? A quoi et à qui sert-elle réellement ? <img1216|left>Les autres chapitres du livre décortiquent les influences de l’industrie pharmaceutique sur le soin, tentent de fournir aux étudiants en santé, plus particulièrement en kinésithérapie, des outils conceptuels de lecture critique de l’information médicale et scientifique, seuls à même d’éviter la chute de la kinésithérapie dans l’ornière des thérapies pseudoscientifiques et lucratives. Mais, comme pour la médecine embourbée dans ses dérives commerciales et industrielles, n’est-il pas déjà trop tard ? Le dernier chapitre tente de donner aux acteurs et militants de la pensée critique et rationnelle des outils argumentaires, issus de la riche expérience des auteurs, pour tenter de faire face aux nombreuses oppositions auxquelles ils sont confrontés.